Nous voici soulagés, les Agiles Tours Toulouse et Bordeaux sont passés, et la pression en tant qu’orateur et organisateur est tombée.
Les Agiles Tours, c’est toujours un excellent moment pour retrouver de vielles connaissances, et partager nos visions dans la joie et la bonne humeur. Bref, le 19 octobre, très tôt, le bus Arpinum est parti vers Toulouse.
Il y a eu un grand changement de décor pour cette année et ce centre de conférence faisait vraiment grandiloquent, et le petit déjeuner a fait bien plaisir après toutes ces heures de route.
Comme tout le monde, j’ai assisté à la Keynote d’Alexandre Boutin sur les jeux agiles et j’ai gagné une tablette de Toblerone ! Alexandre a vraiment été à l’aise dans cet exercice et sa session était donc une très belle démonstration de l’intérêt des jeux agiles.
La bonne idée de Toulouse cette année concernant les sponsors, était de ne faire monter sur scène que trois d’entre eux. Face au même soucis de « défilé commercial », à Bordeaux nous avons choisi de favoriser les petites boites ou les éditeurs de logiciel. C’est intéressant de voir, face au même problème, comment les différents Agile tours réagissent.
Je suis aller voir pour commencer la session d’Olivier Azeau sur les principes SOLID. À la manière de Mock et Stub montent sur scène, certains membres du public ont dû jouer les rôles de composants, de développeurs et de chefs. Personnellement, je me suis vraiment bien amusé pendant cette session. Ensuite, les principes SOLID ne sont vraiment pas simples à démontrer. Malgré une preuve par A + B à la fin que des composants à responsabilité unique s’appuyant sur l’inversion de contrôle ne nécessitait plus du tout de changement de code pour être réutilisés, certaines personnes dans la salle ont tout de même exprimé qu’ils préféraient manipuler un composant monolithique contenant un gros paquet de if. Développer est un métier…
Je suis ensuite allé voir « Histoire d’une transformation agile », par Laurent Carbonnaux et Lionel Molas. Pas grand chose à redire sur le contenu : c’est propre, et les deux compères ont réussi à faire prendre la mayonnaise agile dans un contexte pas évident.
J’ai beaucoup aimé les échanges post-session : malgré la réussite dans la gestion agile d’un projet d’une telle envergure (70 personnes, 9 équipes, code legacy, techno embarqué…), aucun d’entre nous n’avait vraiment envie de rejoindre le projet si l’occasion nous en était donnée. Comme quoi, nous cherchons tous une grande dose de plaisir dans notre travail.
Nous nous sommes ensuite rués sur le buffet, qui ma foi était fort bon. Pour obtenir un 10/10, quelques places assises supplémentaires auraient été nécessaires.
Je suis ensuite aller voir Agile et CMMI, par Pablo Pernot et Yassine Zakaria. Pablo avait piqué ma curiosité sur Twitter et, malgré toutes mes réticences, je voulais entendre ce qu’il avait à dire. C’était en fait assez intéressant. Les slides Astérix y sont sans doute pour beaucoup :) Nous sommes obligés d’être d’accord avec leur affirmation qu’il serait dommage de ne pas se « surveiller » mutuellement sous prétexte de débats de fanatiques. Cependant, je n’ai pas vu une seule fois dans cette présentation un élément de CMMI dont j’avais besoin pour mes projets ou qui ne soit pas couvert par une pratique agile. De plus, Yassine ne s’est pas caché sur le fait que les « CMMIstes » préfèrent se réunir en début de projet pour construire la méthode parfaite plutôt que de partir avec le minimum qui fonctionne et améliorer en route. De plus, la vision CMMI donnait vraiment encore cette impression que l’équipe et les développeurs n’étaient pas censés avoir leur mot à dire sur leur manière de travailler.
Leur conclusion a été : « nous pouvons nous inspirer mutuellement, mais mélanger les deux engendre un effet Frankeinstein. L’un doit prévaloir sur l’autre ». Dans tous les cas, cette session proposait de sortir des idées reçues et on ne peut qu’apprécier ce genre d’initiatives.
Ensuite j’ai co-animé notre session sur DDD et XP. Nous l’avons faite de nombreuses fois dans des contextes très différents, mais nous avons pris le risque de la changer radicalement pour cette occasion ! Plutôt que de suivre des diapos et un partage de parole, nous avons tenté de nous prendre la parole quand nous en avions envie, tout en suivant la trame de fond, pour ajouter beaucoup de dynamisme à cette présentation sinon trop théorique.
Nous avons eu autant de personnes qui ont adoré que de personnes qui ont détesté, ce qui, quelque part, nous fait plaisir car nous avons suscité des émotions ! Une personne a eu la gentillesse de nous envoyer un mail pour nous dire pourquoi il n’avait pas aimé et je vais copier sa conclusion :
Le ressenti que j’ai eu (j’imagine à tord mais ce n’est qu’un ressenti), c’est d’un petit groupe un peu élitiste qui s’adresse à des personnes aussi élitistes et pour les autres, ils n’ont qu’à s’accrocher, on s’en fout.
Alors nous ne sommes pas élitistes, mais il est vrai que le sujet nous semble pointu. En une heure de temps, nous ne pouvions pas couvrir les bases d’XP, nous sommes donc allé au coeur de notre sujet, en espérant en perdre le moins possible. Il ne faut pas prendre le fait de ne pas comprendre ce que disent les orateurs comme de l’élitisme de leur part, mais peut être seulement comme le fait que l’informatique est un sujet très vaste et qu’il est normal de temps en temps d’être largué pendant une conférence. Je suis assez content quand ça m’arrive, car c’est une fantastique opportunité d’apprendre.
Nous avons néanmoins des points à améliorer, et nos prochaines versions sous ce format seront meilleures.
J’ai terminé la journée par Olivier Azeau, encore : « Quand je serai grand, je serai artisant logiciel ». L’idée était de discuter autour du livre «Apprenticeship patterns» et de la notion d’artisanat. C’était vraiment trop court pour faire le tour des patterns et les discussions ont été du coup un peu limitées. C’est dommage car c’est un vaste sujet qui mérite l’attention de tout le monde. Je note le parallèle avec Stradivari car j’ai trouvé intéressant le fait qu’il n’ait jamais réussi à transmettre son savoir, malgré ses nombreux disciples.
Pour la session de clôture, Toulouse a mis les petits plats dans les grands en faisant venir (paradoxalement) Patrice Lagisquet, entraîneur du BO (dernier club du Top 14 comme il le dit si bien :) ) Les nombreux parallèles qu’il est possible de faire entre agilité et rugby ont été abordés, et il est assez jouissif de voir que ce que certains considèrent comme impossible va de soit chez d’autres. Au niveau du coaching, des dynamiques de groupe, de la motivation, nous devons vraiment arrêter de réinventer la roue et écouter pieusement ceux qui font ça depuis des années.
Bref, ce fut une journée bien remplie pendant laquelle je ne me suis vraiment pas ennuyé, même si je n’ai pas eu de grands moments « aha ». Je dois devenir un peu blasé peut être. J’adresse un grand merci à l’équipe de l’Agile Tour Toulouse pour leur accueil, et la qualité de cette journée.